“Tout commence par une histoire. J’ai nourri une expérience, mûri un vécu, transposé une intuition de mon esprit au dessin puis du dessin à l’atelier de joaillerie à Paris…”
Je vous emmène dans les coulisses de la fabrication du cadenas et de la maison de joaillerie CWP à Paris.
LE DESSIN
A l’origine, je souhaitais créer une pièce de joaillerie française qui soit à la fois un bijou original et un outil de lithothérapie, un bijou qui allie le sublime et le subtil.
Pour cela j’avais besoin qu’elle ait un mécanisme qui incarne un rituel pour poser mes intentions. Ensuite je souhaitais pouvoir combiner certains minéraux pour profiter des bienfaits des pierres. Je voulais aussi favoriser le contact entre la peau et la pierre. Enfin je rêvais de l’excellence des maitres-artisans de joaillerie à Paris. Quant à la rondeur du bijou, elle était pour moi une évidence, symbole de la vie, de l’énergie, du yin-yang, de la Terre, de la mère, de la lune, du cycle….
Première esquisse, aquarelle à main levée
Le mécanisme du cadenas
Combinaison de pierres et contact avec la peau
(Je dédie cet article à la fabrication, je vous explique le volet conception et lithothérapie dans un autre article du blog)
LA PIECE DE JOAILLERIE A PARIS EN VIRTUEL
Après avoir réalisé le dessin, il s’agit ensuite de reproduire virtuellement la future pièce dans l’atelier de joaillerie de Paris. Cette étape permet :
- dans un premier temps, de visualiser le cadenas sous tous ses angles
- dans un second temps, de vérifier le fonctionnement du mécanisme
- enfin, de calculer les dimensions du plus petit détail (griffe, pierre, métal, or…) pour que chacun ait suffisamment de place pour s’intégrer et pour exprimer sa beauté.
Combinaison de pierres et contact avec la peau
LA RÉSINE
On crée ensuite un premier brouillon en résine. Ainsi on peut tester le vrai gabarit de la pièce, sa forme et sa taille. C’est pourquoi, on multiplie les essais jusqu’à trouver les volumes parfaits. (Et on refait tous les calculs de l’étape précédente pour que la fabrication du cadenas soit minutieusement orchestrée par l’atelier de joaillerie de Paris).
LA CIRE
Une fois le gabarit validé, on réalise ensuite une version du cadenas à l’aide d’un bloc dans lequel on sculpte le bijou. On injecte de la cire dans le bloc. En procédant de la sorte, on retranscrit les plus minutieux détails dans ce brouillon de cire. Ainsi on crée un ouvrage d’une précision extrême à partir duquel on va créer le moule dans lequel on va couler l’or.
Une fois le bloc refroidi, on récupère les petits éléments de cire pour les plonger dans un bain maison et les préparer à l’étape cruciale suivante.
On procède alors à la “mise en grappe” des éléments en cire sur ce que l’on appelle un “arbre”. Puis on place cet arbre de cire au centre d’un cylindre spécial.
Ensuite on coule du plâtre dans ce cylindre pour créer le moule de la fonte à cire perdue.
LA FONTE À CIRE PERDUE
On met le cylindre au four.
La cire perdue
A ce stade, la cire est emprisonnée dans le plâtre. On la fait fondre au four pour qu’elle laisse son empreinte délicatement sculptée “en creux”. On dit que la cire est “perdue”.
La fonte est une étape capitale de la fabrication du cadenas. Elle est le fruit d’un savoir-faire entre alliages, températures, durées et chorégraphies de gestes dont seuls les métiers d’art ont le secret.
L’or 750 millièmes/18 carats durable et éthique
Pendant ce temps, on prépare l’or. On compose l’alliage en fonction de la couleur d’or souhaitée : rose, jaune ou blanc. Les petites billes d’or, la grenaille, ont été préalablement raffinées et nettoyées. C’est un or recyclé, éthique, ce qui signifie que le cadenas est fabriqué dans un or qui a déjà été extrait de la Terre. Il est en effet de notre responsabilité de ne pas continuer à épuiser notre planète.
On fabrique le cadenas dans un or 750 millièmes/18 carats constitué à 75% d’or pur. C’est l’or le plus approprié pour réaliser des bijoux que l’on peut porter au quotidien et qui traversent le temps. C’est l’or des grands joailliers parisiens.
Or 750/1000 éthique
Fonte
La coulée
Le spectacle magique de l’or en fusion commence. L’or coule dans le cylindre de plâtre et vient remplacer la cire jusque dans ses minuscules interstices. C’est l’art de “la fonte à cire perdue”, une pratique ancestrale que les Egyptiens utilisaient déjà et qui est toujours pratiquée par les plus grandes maisons de joaillerie parisienne.
Coulée
Une fois la coulée terminée, on baigne le cylindre dans l’eau pour le refroidir. On peut alors le fendre pour libérer le plâtre et récupérer un arbre d’or brut.
Arbre brut
On appelle cet arbre un « brut de fonte ». Cette étape est fondamentale car elle fait toute la différence entre un or parfaitement coulé ou un or piqué. Sur la photo ci-dessous, ce sont des bruts de fonte en or 750 millièmes/18 carats jaune, rose et blanc. Pour les réaliser, il faut faire 3 coulées distinctes.
Bruts de fonte
Sur la photo ci-dessus, on voit les jets de fonte lorsqu’ils sont encore attachés à la pièce. Ce sont les petits canaux par lesquels l’or est entré (ils correspondent aux anciennes branches de l’arbre en cire qui a fondu précédemment dans le four). On coupe ces jets pour obtenir la forme définitive des éléments qui composent le cadenas.
A ce stade, il reste encore un long travail à effectuer jusqu’au bijou final !
LE LIMAGE ET L’ÉMERI
Le limage sert à préparer la pièce après le retrait des jets de fonte. On va ensuite ajuster et émeriser la fonte à la main avec un papier spécial pour adoucir le métal. Le papier émeri est un papier fabriqué à partir de corindon et qui a une dureté de 7.
C’est une étape importante car de la façon d’émeriser dépend la qualité du polissage. Plus on monte “haut” dans les grains fins en veillant à enlever toutes les rayures faites par le grain précédent, plus le poli est beau.
La plupart du temps la pièce est ajustée avec des outils fabriqués maison à l’atelier pour plus de précisions.
Limes
LE POLISSAGE
Une fois que la pièce est finie « en blanc », c’est à dire sans pierre, on réalise un premier polissage. Dans un premier temps, on la polit avec un jeu de tourets puis par enfilage c’est à dire que l’on passe chaque pan du bijou au fil pour retirer toute marque indésirable. On utilise alors des fils de plus en plus fin jusqu’à ce que le cadenas brille comme un miroir. On reconnait la signature des prestigieuses maisons de joaillerie de Paris aussi à cet effet miroir.
Au fur et à mesure de sa fabrication, le cadenas revient de nombreuses fois au poli car on polit progressivement des parties qu’on ne peut plus atteindre par la suite.
Tourets
Fils de poli
LES PIERRES ET LE LAPIDAIRE
Je sélectionne des pierres pour mes clientes. Elles sont ensuite taillées par un maitre artisan exceptionnel appelé un lapidaire. Je travaille uniquement avec des pierres naturelles et non traitées. Le lapidaire fait un travail d’orfèvre avec son oeil expert : lui seul sait tailler la pierre brute sélectionnée de façon à ce qu’elle révèle le meilleur de sa lumière, de sa matière et de sa couleur. C’est une opération d’autant plus difficile à réaliser que le lapidaire taille la pierre de centre du cadenas CWP “lisse” d’un coté et “facettée” de l’autre.
Pierres de lune brutes
Pierres de lune taillées pour des pierres de centre
Calcédoine bleue et cristal de roche taillés en pierre de centre
On taille les plus beaux des diamants, selon les fameux critères des 4C, et les pierres fines en une forme nommée “brillant”.
Diamant taillé en "brillant"
Puis on taille la pierre fine ornant le poussoir qui actionne l’ouverture du cadenas en forme de “cabochon”.
Grenat tsavorite taillé en "cabochon"
LE SERTISSAGE
On sertit ensuite les pierres selon leur taille à des endroits précis et selon des combinaisons de minéraux définies en amont. C’est un travail demandant une grande rigueur. Les pierres et les griffes préalablement pré-polies se rencontrent pour ne plus faire qu’un.
Choix des pierres à sertir
Par exemple pour le cadenas de la lune gibbeuse, 59 diamants de 5 tailles différentes sont minutieusement travaillés pour former le satellite de la Terre. Une pièce de joaillerie parisienne unique, ici réalisée avec un jade vert et une pierre de lune en cabochon.
LES POINÇONS ET GRAVURES
Chaque cadenas CWP est unique et numéroté. On grave le poinçon d’Etat à tête d’aigle certifiant la teneur en or 750 millièmes/18 carats, celui de notre atelier de joaillerie de Paris, CWP et le numéro du cadenas sur le verso de sa anse.
Anse du cadenas (verso) avant nettoyage
LE MÉCANISME ET L’ASSEMBLAGE FINAL
Enfin, on peut assembler les éléments et travailler le mécanisme du cadenas dans une opération de haute précision. Le cadenas s’ouvre en baissant le petit cabochon situé sur le côté.
Certains cadenas nécessitent plus de 80 heures de travail de passion pour donner vie à ces pièces de joaillerie et ces objets uniques qui appellent à la pleine conscience.
Un bijou éternel… qui allie le sublime et le subtil.
Liens :
Site internet CWP : carolinewest.com / Instagram CWP : cwp@joaillerie
Site internet de la Haute Ecole de Joaillerie Paris